Du 30 juin au 22 septembre 2019

Exposition des travaux des 21 jeunes artistes de la promotion 2019 de l’Ecole nationale supérieure d’art.
L’exposition se déploie à la Villa Arson, dans les espaces et ateliers de l’école, et propose une extension hors les murs au Dojo.

Cédric Aguillon, Elsa Belbacha-Lardy, Hugo Bench, Élise Bercovitz, Sarah Bourlier, Vincent Burger, Beatrice Celli, Ferdinand Chauvelin, Mélina Ghorafi, Éloïse Glet, Maëva Grapain, Damian Junges, Min-Suck Kim, Céleste Lerouxel, Clémence Mauger, Matthieu Maytraud, Chloé Riviera, Paola Rodriguez Cañada, Chloé Sassi, Amentia Siard Brochard, Tiberio Suppressa

Commissariat : Philippe Cyroulnik

Hors les murs / Au Dojo
Tuer le Soleil contre moi investit également l’espace du Dojo avec une sélection d’œuvres et des interventions spécifiques.

INFORMATIONS PRATIQUES
Exposition du 30 juin au 22 septembre 2019
A la Villa Arson
20 av. Stephen Liégeard, Nice
Ouvert tous les jours sauf le mardi de 14h à 19h en juillet et août, de 14h à 18h à partir du 1er septembre.
Visites commentées et performées, tous les jours sauf mardi à 15h. + d’infos
Au Dojo
22 bis boulevard Stalingrad, Nice
Ouvert du lundi au vendredi de 9h à 18h (le samedi sur rdv). Fermé le dimanche. Tél. 04 97 08 28 14, le-dojo.org
Entrée libre
A NOTER : l’exposition au Dojo sera fermée 5 jours, du 23 au 29 août inclus.

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Site internet dédié à cette promotion : villa-arson.xyz/diplomes2019

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Propos du commissaire

Comment faire accéder à la visibilité des années de formation et de recherche, de tâtonnements et de réflexions critiques qui ont permis à ces jeunes artistes d’émerger ?
Le propre d’une exposition de cette nature, c’est de donner une forme à l’hétérogénéité sans uniformiser. Donner à voir et à entendre les contrastes des partis pris, l’éventail des problématiques et faire ressortir des singularités. Il s’agit surtout de proposer des confrontations, des conversations entre les œuvres et de mettre en lumière des tonalités.

On peut y pressentir une proximité entre l’écho d’un Eden et l’ombre de la mélancolie, les lumières de la ville et le désenchantement des matins blafards, comme métaphores possible d’un certain désenchantement. On peut aussi y croiser la subtilité d’une expérience du monde, une attention à faire l’expérience de ce que  les matériaux peuvent permettre quant à la forme, les structures enfouies ou les énergies que recèle notre environnement, ou encore une façon de penser la nature à l’ère de l’artifice et de l’immatériel.
On y croisera une saisie de ce que portent comme rythmes et mouvements les corps en mouvement du monde et de nos fictions, un sens de l’auto-dérision, une poétique nourrie d’un univers urbain où la consommation et le « système des objets » ont pris une place prépondérante. On ne s’étonnera pas d’y voir des œuvres portées par une conscience de la place que tiennent le simulacre et le spectacle. L’exposition fait aussi apparaître les conflits de genres, et ce que le spectacle du monde et de l’art occulte de la violence sociale et sexuelle. Elle est à l’image de l’extension des territoires de l’art, de l’érosion des frontières entre les disciplines ; comme l’hybridation à l’œuvre dans notre monde.
Ces jeunes artistes convoquent le théâtral, le cinématographique mais aussi les procédures propres aux sciences humaines telles la sociologie ou l’anthropologie. Le temps, son rythme et ses incidences sont essentielles dans certaines de leurs propositions. La peinture  s’y trouble, nous proposant un monde fantomatique ; ses matériaux sont hybrides jusqu’à en passer par le volume pour trouver une forme. La sculpture recycle, récupère, déconstruit ou produit du récit ; où plutôt des narrations en suspens. Le corps ici est outil de production et objet de réflexion dans son articulation aux normes.  La nature est celle de la mutation permanente à l’ère de l’industrie du génétique.

L’exposition se déploie entre l’anthropologie et le formalisme, entre conscience critique et archéologie du présent, entre magie et grotesque, entre spectacle de l’aliénation et troubles du genre. À l’image de notre temps : un temps de crise et d’éclatement, de régression et de résistance. L’imaginaire que porte une bonne part de ces œuvres est hanté par les fractures qui travaillent un monde où l’utopie côtoie la dystopie.

Philippe Cyroulnik

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Galerie photo : Vues de l’exposition dans les espaces et ateliers de la Villa Arson et au Dojo. Photo : Jean-Christophe Lett