Prix de la Ville de Nice et de la Venet Foundation
A l’occasion du vernissage de l’exposition DIPLOMES VILLA ARSON 2017, les Prix de la Jeune Création de la Ville de Nice et de la Venet Foundation ont été remis à ces deux jeunes artistes.
Simon Berard, lauréat du Prix de la Ville de Nice
a reçu une bourse de 2000 euros et sera invité en résidence pendant un an pour produire une exposition à la Galerie de la Marine en octobre 2018.
Simon Bérard ne conçoit pas sa pratique sans l’appui d’une totalité imaginaire qui la comprendrait comme un ensemble de compossibles comprend ses actualisations, comme un monde comprend les individus qui l’habitent. La dernière forme de totalité que Simon a trouvée s’appelle le Jardin. Le Jardin a d’abord été un site web (simonberard.garden). Il faut savoir que Simon a écrit un mémoire sur l’histoire de la forme bureau adoptée depuis l’origine par les écrans d’ordinateurs ; et la forme jardin pourrait être une autre forme de rangement (électronique), moins tributaire de l’imaginaire du scribe ou de l’écrivant et plongeant ses racines plus profond : dans le jardin d’Eden, dans les jardins de Babylone, dans un modèle de microcosme qui s’est répandu en Orient aussi bien qu’en Occident, etc. Quoique le jardin du site ne soit plus aujourd’hui que la partie électronique du Jardin total, son arborescence logique reste prégnante, si bien que Simon est allé chercher dans les enluminures médiévales toutes sortes d’arbres symboliques, dont il a fait maints tirages numériques qui ornent les murs de ses dispositifs. Car aujourd’hui, Simon expose surtout des lieutenants de fresques à base de dessins numériques agrandis et contrecollés sur des cimaises, augmentés de tirages photos, de tableautins, et entourant peu d’éléments mobiliers ou sculpturaux ; mais les modes d’association analogiques que l’on voit fleurir par exemple à partir du modèle de l’arbre (de Porphyre, par exemple, ou de Deleuze et Guattari, tel qu’ils l’opposent au bienfaisant rhizome) lui servent à disposer ses collages dans l’espace et ainsi à produire comme une pensée par images dans l’architecture : au point le plus haut de son ambition, elle voudrait réarticuler l’art moderne et l’avant-garde au moins avec la tradition occidentale et réparer la rupture dont ceux-là se sont crus les porteurs. Impressionnant ! Inventif à coup sûr…
Joseph Mouton
Rozenn Veauvy, lauréate du prix de la Venet Foundation
a obtenu une aide à la création de 2000 euros pour lui permettre de continuer ses travaux qui seront restituées lors de l’exposition d’octobre 2018 à la galerie de la Marine.
Rozenn Veauvy est un écrivain ou une écrivaine né(e), c’est-à-dire qu’elle écrit comme d’autres mentent ou respirent, elle ne connaît pas l’angoisse de la page blanche. Il faut ajouter que la réalité lui fournissant presque toujours son inspiration, elle n’a guère besoin d’avoir de l’inspiration par elle-même ; — ou écrivons la chose autrement : ce sont les situations les plus quotidiennes et les plus ordinaires du réel qui l’inspirent, et par définition, ces situations se présentent fréquemment. Un de ses professeurs d’art lui a dit lorsqu’elle était en première année (pas à la Villa Arson) : « Je vous prédis un avenir médiocre ». Cette phrase l’a frappée, peut-être moins à cause de sa méchanceté que parce que le mot médiocre touchait juste : oui, c’est la médiocrité qui plaît à Rozenn, qui l’enchante même. C’est plus précisément la médiocrité des paroles, des récits, des opinions, des « moi je » et des « nous on » qu’elle cultive, — à tel point qu’elle peut traduire ce qui lui arrive dans cette langue médiocre. La langue médiocre, on comprendra peut-être ce que c’est au juste si l’on se souvient du beau titre que l’artiste Urs Lüthi donna à l’une de ses séries photographiques : The personnal dissolves so easily into the typical (le personnel dégénère si facilement en typique). Disons donc que nous parlons en langue médiocre lorsque nous exprimant à titre personnel, nous n’exprimons au contraire que des pensées communes dans des tournures usées à propos de choses sans importance. Le point est qu’il faut une pointe de singularité idiote pour que tout le continent des liux communs bascule dessus et vienne à la lumière. Mais c’est justement cette stylisation que Rozenn recueille ou restitue dans ses proses : elles exhalent la magnifique poésie du médiocre.
Joseph Mouton
Les Prix de la Jeune création Ville de Nice – Venet Foundation
Créé en 2009, le Prix de la Jeune Création distingue deux lauréats parmi les diplômés de la Villa Arson. Il correspond à une volonté de la Ville de Nice et de la Venet Foundation, aux côtés de la Villa Arson, d’aider et d’encourager de jeunes artistes au sortir de l’école, à s’installer et à développer des projets professionnels dans le monde de l’art.
Le jury du Prix 2017 était présidé par Alexandre Devals, directeur de la Venet Foundation, et composé d’Hélène Guénin, directrice du Mamac Nice, Jean-Pierre Simon, directeur de la Villa Arson, Jacqueline Morabito, collectionneur et Mathilde Roman, critique d’art et commissaire.
La Promotion 2017 de la Villa Arson fait l’objet d’une exposition
A voir dans deux lieux : jusqu’au 17 septembre à la Villa Arson et jusqu’au 24 septembre à la Galerie de la Marine
+ d’infos
Consultez le site internet dédié aux DIPLOMES 2017