Exposition du 10 février au 30 avril 2017

[Press release in English to be downloaded below]

GO CANNY! Poétique du sabotage

Sous ce titre repris d’une injonction de dockers écossais de la fin du XIXe siècle, cette exposition explore des stratégies de résistance, de dissension, contestation, perturbation, dérèglement… s’apparentant au sabotage, acte créatif par excellence qui mobilise inventivité et débrouille.
Les artistes de l’exposition pratiquent l’art du « grain de sable », intervenant sur les rouages pour amorcer des dérapages, mobiliser les consciences, produire une « poésie du dysfonctionnement » et pourquoi pas des transformations en profondeur.

 

Tout semblait bien fonctionner jusqu’à ce que…

Le sabotage ou le fait de « travailler comme un sabot » était à l’origine une stratégie ouvrière destinée à punir les patrons mauvais payeurs en ralentissant et dégradant la production. Peu à peu abandonné au profit d’une vision non violente, le sabotage n’avait pourtant pas pour vocation de détruire les instruments ou les marchandises, contrairement au vandalisme. Il consistait à rendre le travail improductif, « soit par nonchalance, […] par excès d’application, […] ou par une observation méticuleuse des règlements ». Face à l’échec des formes habituelles du mécontentement – manifestations, grèves ou occupations – l’exposition Go Canny! propose d’inventer de nouvelles stratégies de résistance. Une autre logique de dissension peut apparaître. A priori inoffensif, le grain de sable possède la virtualité d’une masse. Contestation silencieuse et invisible dont seuls les effets doivent être palpables. Ralentissement, désorganisation, dérèglement… Tout acte perturbateur, même infime ou invisible, peut contribuer à modifier l’ordre du quotidien et, par ricochet, la marche des puissants.

Sous ces diverses formes, le sabotage échappe à toute répression comme il pallie les limites de la grève ou du boycottage. En tant que geste totalement libre et non assujetti à aucune puissance supérieure, le sabotage est aussi l’acte créatif par excellence. Il mobilise à la fois l’inventivité, la débrouille ou le système D. Désobéisseurs, saboteurs, perturbateurs, enquiquineurs, les artistes de l’exposition mettent du sable dans les rouages. Leurs propositions artistiques appellent à amorcer un dérapage.

Contre un pessimisme généralisé quant à toute forme de changement, l’exposition Go Canny! cherche à produire une énergie contraire et à mobiliser les consciences individuelles pour faire résonner la voix de la désobéissance. Pensée sous la forme d’un manuel de recettes et d’effets immédiats, elle entend réactiver des verbes d’actions directes, en incitant les visiteurs à reproduire un geste singulier afin de mettre en oeuvre une poésie du dysfonctionnement. Poésie qui, si elle se généralisait, pourrait bien conduire à une transformation profonde.

Go Canny! reprend l’injonction ouvrière des dockers écossais à la fin du XIXe siècle ne parvenant pas à obtenir l’augmentation de salaire qu’ils méritaient : « Ne vous foulez pas ! ».

Avec les œuvres de :  Emilien Adage, Cécile Babiole, Babi Badalov, Fayçal Baghriche, Stéphane Bérard, Jeanne Berbinau Aubry, Claude Cattelain, Marc Chevalier, Nicolas Daubanes, franckDavid, DeYi Studio, Amandine Ducrot, IKHÉA©SERVICES, Jean-Baptiste Ganne, Dora Garcia, Alexandre Gérard, Cari Gonzalez Casanova, Raychel Carrion Jaime, kom.post, Laurent Lacotte, Maxime Marion & Emilie Brout, Marie-Ève Mestre, Simon Nicaise, Hervé Paraponaris, Jérôme Pierre, Julien Prévieux, Marie Reinert, Michaël Sellam, Marine Semeria, Charles Stankievech, State of Sabotage (SoS), Thomas with Olivier et Yann Vanderme.

Commissaires : Nathalie Desmet, Eric Mangion et Marion Zilio,
ainsi qu’une carte blanche proposée à DISNOVATION.ORG 

De l’usurpation d’identité d’hommes politiques jusqu’aux techniques de brouillage et de contre-surveillance biométrique en passant par le détournement d’imprimantes 3D comme outils de transgression, DISNOVATION.ORG propose un panorama de stratégies désobéissantes qui pourront, à leur tour, inciter divers perturbations et sabotages à venir.
Avec les œuvres de : Morehshin Allahyari & Daniel Rourke, Zach Blas, Heather Dewey-Hagborg, Janez Janša, Janez Janša, Janez Janša, Labomedia, Julian Oliver, Gordan Savicic et Danja Vasiliev

Télécharger le Document de visite GO CANNY!
(ave notices/cartles des pièces exposées)

AUTOUR DE L’EXPOSITION
Parallèlement à l’exposition Go Canny! Poétique du sabotage un manuel de sabotage participatif sera visible en ligne sur le Tumblr gocannypoetiquedusabotage et fera l’objet d’une publication pour la clôture de l’exposition.

Appel à propositions pour l’élaboration d’un manuel de sabotage
Plusieurs types de techniques de sabotage peuvent être proposées : du court-circuit avec des moyens simples aux méthodes d’infiltration, du ralentissement au détournement, en passant par des techniques plus classiques ou relevant du hacking, etc. Propositions à envoyer à gocannypoetiquedusabotage@gmail.com
Télécharger l'Appel à propositions GO CANNY!

La Station (Nice) réalise une exposition monographique de Nicolas Daubanes (25 mars – 5 juin 2017). + d’infos
Le Dojo (Nice) accueille quant à lui les productions de Laurent Lacotte et de Thomas with Olivier, tandis que le journal La Strada fera office jusqu’au 30 avril de publication alternative à l’exposition.

Réappropriation de l’espace urbain par les artistes
Une intervention de Vincent Berger et Paul Lemaire, étudiants et médiateurs dans le cadre de l’exposition GO CANNY! Poétique du sabotage
Les 27, 28, 29 et 30 avril à 16h30 (durée : 30 mn environ).
Rendez-vous dans le Fab Lab de l’exposition GO CANNY! Poétique du sabotage (sans réservation préalable).

Remerciements : Guillaume Désanges, Alexandra Guillot, Sonia Recasens, CNAP (Centre National des Arts Plastiques), Frac Provence-Alpes-Côte d’Azur, Galeries Jérôme Poggi et Jousse Entreprise (Paris)

Télécharger le communiqué de presse Go Canny!
Download press release Go Canny!

    

     

Visuels :
Emilien Adage, Amorce, 2010. Courtesy de l’artiste.
Faire les choses à 33%, Yann Vanderme 2006 – 2009. Du 27 décembre 2006 au 7 mai 2007, j’ai fraudé à 33%. Sur les 100 trajets RATP que j’ai fais pendant cette période, 33 ont été sans ticket.
State of Sabotage (SoS) – Robert Jelinek, SOS Gate (Manhole Cover), 2004. Fonte d’aluminium, patine bronze, diamètre : 80 cm. Courtesy des artistes.
Jean-Baptiste Ganne, Détumescences, 2012,  Techniques mixtes. Adagp.

Galerie de vues de l’exposition. Photos : Loïc Thebaud

 

Les commissaires
Nathalie Desmet est critique d’art, commissaire d’exposition et chercheuse associée à l’université Paris 8 Vincennes-Saint Denis (Laboratoire AIAC – Arts des images et art contemporain).
Ses recherches théoriques portent principalement sur les expositions vides (ou minimales) et les formes contemporaines de la critique d’art. Elle est rédactrice en chef de la revue Lechassis et écrit régulièrement dans esse arts+opinons (Montréal).

Marion Zilio, docteure en Esthétique, Sciences et Technologies des Arts de l’Université Paris 8 Vincennes Saint-Denis, est chercheuse et chargée de cours dans l’UFR Art, Philosophie et Esthétique.
Elle mène également une activité de critique d’art (AICA France) en collaboration avec différentes revues et de commissaire d’exposition indépendante (membre C-E-A, commissaires d’exposition associés). En 2016, elle a été nommée directrice artistique de la YIA Art Fair (Young International Artist).