Session 2016-2019
La Villa Arson organise un programme d’étude et de recherche qui fédère autour d’une expérience de travail en commun les entités constitutives de l’établissement : école nationale supérieure d’art (et ses ateliers), centre national d’art contemporain, résidence d’artistes et bibliothèque d’étude et de recherche. Ce programme permet d’accueillir les artistes sélectionné(e)s dans un environnement propice au développement de leur recherche artistique. Cette pratique artistique bénéficie du contexte collaboratif organisé par la Villa Arson avec ses partenaires académiques, en particulier au sein de Université Côte d’Azur, et un réseau international d’art contemporain.
A l’issue d’un appel à candidature pour un programme de recherche, la Villa Arson a sélectionné en novembre 2016 cinq artistes qui sont accueillis en 3eme cycle : Ann Guillaume, Raphaël Henard, Camille Lapouge (et Jo-ey Tang ainsi que Mike Salomon & Marie Vernhes qui ont quitté ce cycle courant 2017)
D’une durée de trois ans à compter du dernier trimestre 2016, ce programme de recherche destiné à de jeunes artistes qui ont obtenu le diplôme d’une école d’art (ou équivalent) depuis au moins deux ans, a pour objectif de permettre à ces artistes de développer leurs recherches et de produire dans le contexte singulier de la Villa Arson.
Il permet d’envisager toutes les pratiques artistiques (arts plastiques, design, musique, danse, cinéma, littérature, etc.) dans la mesure où elles sont intéressées par l’interaction avec les arts visuels.
L’équipe de pilotage du programme réunit la direction et un groupe de professeurs de l’établissement, représentatif des différentes directions artistiques et de recherche de la Villa Arson.
Ces artistes bénéficient de conditions de travail spécifiques et d’un programme de rencontres ad hoc avec différentes personnalités invitées : artistes, commissaires, critiques, théoriciens de l’art et scientifiques.
Visuels : Carte projet d’urbanisation, xixE S; (archives départ. des Alpes-Maritimes) / Sur le bateau Cannes -Les îles de Lérins / Matrice d’impression Couverture du Magnificat, St Honorat
ANN GUILLAUME
Quelles formes politiques pourraient naître d’un commun qui serait initié par l’art ? Ce monde commun, quelle passion doit l’animer ?
La recherche et l’enquête sont les modes d’actions d’Ann Guillaume. Partir d’un lieu qui a fait émerger un problème public, lui permet d’inventer des processus de projets. Une fois identifié, il s’agit de monter une équipe pluridisciplinaire afin d’organiser une communauté d’intérêts prête à faire bouger les rôles, repenser les usages et l’imaginaire. Des situations apparaissent, et permettent alors de tester différents dispositifs qui favorisent des représentations.
Son sujet et terrain de recherche pour son doctorat en Art à la Villa Arson et à l’Université Nice Côte d’Azur, s’intitule I Can Swim Home. Il se greffe sur le projet de classement à l’Unesco les îles de Lérins par la ville de Cannes. Comment aborder l’archipel des îles de Lérins, les discours et les récits associés, réels ou imaginaires, personnels ou collectifs qu’elles engagent? Comment représenter ces îles et qui représentent-elles ? Le challenge étant de trouver où se situe la VUE (Valeur Universelle d’Exception). Ne serait-il pas à l’endroit précisément où le culturel et le naturel se rencontrent. Tout ce qui concerne les îles (symbolique, géographique, initiatique, littéraire) ouvre alors un nouveau système de représentation. Philosophiques, spirituelles, pratiques, touristiques, lucratives, ces îles représentent tout un écosystème laissant apparaître encore et toujours des visions d’utopie politiques.
Elle y invite des artistes-chercheurs afin de travailler, ensemble, sur toutes ces problématiques, cherchant à ouvrir autant un débat sur l’art et ses méthodologies que sur l’environnement et ses besoins réels de renouveler son système de représentation.
Un film est en cours d’écriture et de recherche de production. Les îles de Lérins ont respectivement porté le nom de Léron et Lérinas (comme en a témoigné Pline). Elles ont des similitudes, des concordances, on sait qu’elles dialoguent depuis toujours. Par ce que personnifiées, jusqu’où va le parallélisme entre elles deux ? Sont-elles frère et soeur, jumelles, en couple, mère et fils, père et fille? Sans être ni d’accord ni le contraire, elles cohabitent et pourtant sont belles et bien différentes. A l’image des deux îles, la première tournée vers le continent, l’autre vers le grand large, le film I can Swim Home va juxtaposer au travers de ces deux personnages éponymes un dialogue entre deux artistes. Profitant de l’histoire des îles, les deux protagonistes parleront de leur rapport à l’art contemporain qui, lui aussi, est traversé et nourri par des contradictions.
A propos du projet I CAN SWIM HOME : Une exposition – un atelier – pour un film (24-29 mars 2019)
Ann Guillaume est née en 1980 à Nancy. Elle vit et travaille entre Paris et Nice. Diplômée de l’Ecole des beaux-arts de Cergy-Pontoise et de Sciences Po Paris de la Sorbonne, elle est actuellement doctorante en Art à la Villa Arson. Elle a bénéficié de nombreuses bourses (Bourse de Recherche du CNAP, bourse de la DRAC Ile-de-France, etc.) et résidences en France (La Box, La Synagogue de Delme, La Caza d’Oro, la Villa Medicis, etc.) et à l’étranger (NKF, Stokholm; SIM , Reykjavik, Avatar, Québec; Wuhan, Chine, etc.). Institutions (Palais de Tokyo, Frac Orléans, Musée des Beaux arts de Rennes, 40 m3, Frac Haute Normandie, etc.) et galeries privées (Galerie Odile Ouizeman, Galerie Sarah Guedj, Galerie Yvon Lambert, galerie du jour Agnès b., etc.) l’ont régulièrement invitée dans le cadre d’expositions personnelles ou collectives.
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RAPHAËL HENARD
« Je travaille à élaborer une esthétique de la musique en tant que matière mentale, dans les temps qui précèdent et succèdent son existence dans l’espace – mélodie fantôme qui se déploie dans notre psyché, résidu mémoriel, hallucinose ou perception sans objet.
J’envisage ces apparitions comme des puissances formelles capables de renverser notre appréhension structurale de la musique, mais aussi d’interroger la façon dont la musique nous affecte.
Je tente de fabriquer un jeu de miroir entre cette puissance inaudible et la perception suscitée par certaines situations acoustiques et émotionnelles : la fête derrière un mur, la ritournelle sous le bruit, des harmonies projetées dans des scènes sociales confuses.
Je suis particulièrement attaché aux ritournelles, aux motifs harmoniques simples, ainsi qu’aux espaces liés à la danse, à la fête et à la célébration religieuse.
Ma recherche se déploie par un travail conceptuel et théorique autant que par la composition de pièces in situ qui questionnent la nature de notre perception.
Elle se nourrit du mixage pour le cinéma, de la culture rave, de la psychiatrie, et d’une certaine philosophie du désir . Elle est la fusion de questionnements issues de mes sensations en tant que mixeur pour le cinéma, musicien jouant de la techno dans des églises, du bruit dans l’instant présent, mais surtout en tant que sujet traînant sa perception confuse dans des situations triviales. »
Raphaël Hénard vit entre Paris et Bucarest. Il est diplômé de La Fémis. Son mémoire interroge la possible existence d’un cinéma aveugle, dont l’image aurait été obstruée.
Il fut Intervenant au Fresnoy entre 2012 et 2015 et réalise le son et la musique de nombreux films et vidéos d’artistes.
Depuis 2008, il est membre du duo de musique électronique Plapla Pinky, et se produit dans de nombreux festivals (Villette Sonique, Siestes électroniques – Paris, Schiev – Bruxelles, Sonar Festival – Barcelone, Skanu Mezs – Riga, Today’s Art – La Haye, Club Superdeluxe – Tokyo, Club metro – Kyoto)
En 2014 , II joue « Material Film » au Centre Pompidou au côté de Wilhelm Hein, puis réalise en 2015 la pièce « les jeunes harmonies » au Palais de Tokyo.
CAMILLE LAPOUGE
Les mouvements de matières – leurs migrations et transformations – constituent le point de départ de son travail.
A travers l’association de fragments puisés dans les récits de phénomènes et de leurs liens aux territoires qu’ils traversent, elle crée des dispositifs destinés à mettre en relation des flux, cherchant à les faire entrer en résonance. De ces zones de contact elle tente de faire émerger des liens jusqu’alors invisibles, à partir desquels elle oriente l’esthétique de ses pièces.
Ce travail prend la forme d’installations, « d’extensions », en relation à une expérience immergée dans un territoire.
A partir des récits, elle tisse dans cet espace un piège, dans lequel elle place parfois un « appât »; par cette mise en tension elle cherche à créer des passages, une brèche dans le réel.
Après avoir étudié à la HEAR (Strasbourg), Camille Lapouge part vivre à Bruxelles où elle commence à collaborer avec des chercheurs, tant en sciences humaines – anthropologie et sociologie – qu’en sciences exactes – physiciens, chimistes, biologiste s-. C’est lors de sa résidence au Pays Basque qu’elle ancre son travail dans une pratique in situ et commence à s’intéresser à la notion d’événement et à l’écologie qui l’entoure.
( Photo : Oneztarri, vidéo, 06’09, 2015 )