Du 22 mars au 5 mai 2018
Vernissage le jeudi 22 mars 2018
Galerie Houg, Paris
– Ça commençait comme ça : « Stéphanie remonte la piste des images, traquant leurs apparitions au fil du temps, des mythes, et peut-être des cultures. »
– Haha, comme Fitzcarraldo, le personnage de Werner Herzog ?! Ce n’est pas un peu cliché, ça ? Et toi, tu veux m’emmener sur ton territoire d’analyse de son travail ? Je ne suis pas certaine d’avoir envie de me laisser avaler.
– Tu sais que j’ai raison. D’une certaine manière, son arrivée récente au Brésil lui donne l’occasion de pousser cette exploration dans des territoires plus obscurs.
– Et toi, tu sais que la lecture de Métaphysiques Cannibales de Viveiros de Castro, qui irrigue ses recherches actuelles, tente de déconstruire la relation fantasmée à l’altérité, à la figure même du sauvage. Il y a la possibilité d’être incorporé par le point de vue de cet autre.
– Pourtant… tu ne peux pas nier une certaine fascination.
– Pour ? Le Brésil ?
– Oui, son imaginaire. Le cannibalisme, notamment.
– Et en même temps, on sent bien qu’elle se méfie de cette fascination.
– Mieux : elle la met en scène. Tu as remarqué, étrangement, dans cette exposition, il n’y a que des œuvres au mur – rien au sol.
– Normal, non ? Comment coloniser l’espace ? (Y compris celui de la galerie.) Et puis, avec de tels sujets… on reste parfois à distance, on longe les murs.
– C’est vrai, Stéphanie m’a même parlé de « vitrification ». Cela va de pair avec le phénomène de fascination. Les images du Brésil ressurgissent, la hantent, mais demeurent à l’état d’images.
– Mais alors, si l’on parle de fascination, est-ce que ce n’est pas précisément la chasse aux images qui se retourne contre elle-même ? Comme une chasse au papillon qui tournerait mal ?
– Oui !!! Comme dans La Nuit sexuelle ! « Le retour de bâton » : « la rétrospection interdite ».
– …
– « Le tueur tué, le prédateur devenu proie ».
Antoine Camenen et Marie Cantos, dialogue fictif, janvier 2018.
Galerie Houg, 22 rue Saint Claude 75003 Paris