Du 14 septembre au 1er octobre 2017
En Face – Galerie La Mauvaise Réputation, Bordeaux
Exposition collective – dans le cadre du Week-end de l’art contemporain à Bordeaux – de quatre jeunes artistes issus de la Villa Arson.
Commissariat : Arnaud Labelle-Rojoux
Galerie La Mauvaise Réputation
10 rue des Argentiers, 33000 Bordeaux
+33 (0)5.56.79.73.54
http://lamauvaisereputation.net
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« Il y aurait assurément cent autres façons de justifier la présence des quatre artistes réunis dans l’exposition BADAAAASSS, mais aucune ne dit mieux que ce titre ce qui a guidé mon choix de les présenter ensemble. Car il ne s’agit pas d’un quatuor de mauvais goût (encore que !) – ce que pourrait laisser penser une traduction fautive de l’expression américaine badass (selon laquelle le « cul » malsain dominerait : porno, sado, scato) -, mais de quatre personnalités fortes ayant l’impertinence chevillée au corps de résister aux conformismes ambiants, ceux de l’art compris. Car le mot badass, qualifie en réalité des personnes qui ne s’en laissent pas compter, non impressionnables, suivant leur tempérament rebelle aux injonctions normatives, pas forcément ramenardes mais imposant leur style, leur façon d’être et de vivre, leur expression.
Cette chevalerie insolente, libertaire, appelle plus la légende que la reconnaissance. Mais nous n’en sommes pas là : nos quatre protagonistes sont jeunes (entre 25 et 35 ans), très actifs, et, « badasses » dans l’âme, s’inscrivent dans le présent. Plusieurs d’entre eux cependant, quoique sourds aux sornettes du « marché », bénéficient déjà d’une « visibilité » notable sur ce que l’on appelle la « scène artistique », ce dont je me réjouis particulièrement. Car leur point commun, par ailleurs, est d’avoir été tous les quatre étudiantes et étudiants, à cheval sur des périodes différentes, à l’école des beaux-arts de Nice, la Villa Arson, là où je fus professeur durant dix ans. Ils correspondent pour moi à des rencontres marquantes. S’ils ne dessinent pas ensemble une même vision de l’art, leur dissemblance constitue a contrario la mienne, faite de singularités libres, affirmées, nécessaires dans une société où les normes identitaires l’emportent. Au Jackass soft, faussement décervelé, d’Anna Byskov fait de foirades absurdes à la tonalité burlesque, s’oppose la sensation intense d’une beauté dangereuse, terroriste (je veux dire qui fait peur) de Thomas Teurlai, dont les réalisations techniquement exigeantes ne sont paradoxalement pas si éloignées formellement de celles bricoleuses de Baptiste Lechapelain « aimantées », comme le dit joliment Bernard Marcadé, par « les négligences de toutes sortes », cependant que Jeanne Moynot carnavalise grinçante le réel le plus trivial dans une ambiance de fête foraine punkisée. Nouvel art dégénéré ? Nulle part mieux que la galerie La Mauvaise Réputation, ne pouvait en accueillir l’énergie hérétique.
D’un mot, pour revenir à notre titre qui, on l’aura noté, n’est pas Badass, mais BADAAAASSS, il doit aussi se lire dans la perspective de la conférence-performance que je donnerai avec Gauthier Tassart en liaison avec l’exposition : LCDB (Le Culte Des Bannis) III. La multiplication des A et des S sonorisant en quelque sorte la formule, est en effet un clin d’œil au film « culte » Sweet Sweetback’s Baadasssss Song de Melvin Van Peebles (et forcément, aussi au film-hommage de son fils Mario Baadasssss!). Écrivain, compagnon de route de Hara-Kiri, premier cinéaste de la Blacksploitation, acteur, musicien, Melvin Van Peebles, court-circuiteur de genres aux mille vies menées tambour battant, plus artistes que beaucoup de ceux que se prétendent tels, tient une place évidemment de choix dans mon cercle des « bannis ».