Du 8 avril au 27 mai 2017
Vernissage samedi 8 avril de 12h à 18h
Galerie Bernard Ceysson, Wandhaff 

 

L’exposition Noël Dolla à Wandhaff présente une sélection de peintures et de sculptures sur plus de quatre décennies depuis les S.O.S. de 2016-2017 jusqu’aux œuvres des années Supports/Surfaces. Il ne s’agit pas ici de faire une rétrospective encore moins de montrer une pièce de chaque période, mais au contraire de jouer de ruptures et de privilégier les moments d’articulation majeurs dans l’œuvre de Noël Dolla. Pour cela, les œuvres de grandes dimensions seront en regard de séries dont la surenchère de l’accrochage favorisera un dialogue sur la monumentalité. Les Silences de la fumée (1990) – le mur de S.O.S. (2016-2017) ; Les Jeunes filles aux œillets (2007) – Les Carrés magiques (1982-1983), par exemple. Fidèle à la devise d’être contre l’acquisition d’un savoir, Noël Dolla montre à travers le dispositif de cette exposition de grands ensembles où la forme est portée jusqu’à son paroxysme, jusqu’à épuisement par le geste. Il y a comme une réification de la forme qui se déploie dans des dimensions rarement présentées au public.

L’ensemble de ces séries reste toutefois limité afin de restreindre volontairement la production pour ne pas entrer dans une production infinie. La première salle est consacrée aux S.O.S. où l’on retrouve sur des toiles carrées la présence du vocabulaire de l’artiste. La tarlatane est accompagnée par les points de peinture, les côtés des œuvres sont également peints, la présence des signes linguistiques S.O.S. ou de signes plastiques en forme de croix viennent se superposer à la composition. A partir d’un minimum de signes et de matériaux Noël Dolla engendre une visagéité qui se distingue, comme le dirait Deleuze, du visage par le fait qu’il s’y exprime une identité, de toiles en toiles, renouvelée. Chaque S.O.S. est traversé par des régimes d’identité et l’accrochage par accumulation semble confiner à la foule qui fait face au visiteur sous une lumière d’urgence, celle de gyrophares. Le clignotement des lumières bleues et rouges saisissent la vision et trouble les sens. La seconde salle fonctionne comme une respiration à ces premiers murs visagéifiés. Les grandes fumées, évanescentes, instaurent une sorte de silence en contrepoint. La monumentalité des fumées répond à l’intime de chaque S.O.S. dans un dialogue de ruptures – dimensions – matériaux – temps d’exécution.

L’espace de la galerie est également ponctué de pièces qui jouent de la verticalité au regard des plans surdimensionnés des fumées. Les Colonnes aux leurres, colonnes aux hameçons créent ce jeu entre élévation, structure et matérialité d’un coté et verticalité des plans et aspect diaphane des volutes. Toujours en remontant le temps de la création de l’œuvre de Noël Dolla la suite montre notamment une série de Carrés magiques qui sont la résultante d’un travail performatif plus ancien. Chaque Carré est une infime partie d’un tout, une bribe de temps précis fixé dans un continuum infini. La taille de ces Carrés magiques se mesure à l’intime des Jeunes filles aux œillets dont le processus de fabrication impliquait une couleur de carnation à chaque fois différente et dont l’œillet fixait à jamais le régime de visagéité. Le temps humain est donc questionné au plus près par ces travaux peu montrés. La dernière salle est consacrée à la période Supports/Surfaces qui historiquement est à la fois le départ d’une remise en question de la forme, du matériau et du fonds de l’œuvre à une époque où l’art devenait par sa professionnalisation « un métier » et d’autre part répond à la première proposition des S.O.S. qui ne peuvent se voir sans penser être, d’une certaine manière, « Support Ou Surface ». La cohérence de l’exposition rend hommage pour la première fois à l’œuvre de Noël Dolla dans un discours à la fois historique tout en liant le passé au présent dans un parcours où l’urgence – historique ou personnelle – montre que chaque période à quelque chose à dire à l’autre.

Élodie Antoine & Fabrice Flahutez

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